Cité interdite
Dessin de Renaud Bouret - 1968
La première fois que je fus parachuté sur la grande place Tian'anmen, au milieu de la brume matinale, j'éprouvai une étrange impression de déjà-vu, comme si les lieux faisaient depuis toujours partie de moi-même. Était-ce une réminiscence de mes interminables lectures nocturnes du récit des émeutes de 1976? (Ces évènements avaient suivi la mort de Zhou Enlai, premier ministre chinois aimé de son peuple et connu des Tunisiens de mon âge.) Ou était-ce la notoriété de la Porte de la paix céleste et de la Cité longtemps interdite qu'elle délimitait?
Dix après cette première visite, c'est-à-dire aujourd'hui même, je comprends enfin la raison de cette forte émotion. En fouillant dans mes vieilles paperasses, j'ai retrouvé le croquis de la Place, que j'avais tracé dans un de mes cahiers d'écoliers. Or, quand on s'applique à dessiner un paysage, opération qui peut s'avérer très longue, on finit par l'habiter. En posant le pied sur la place Tian'anmen, je ranimais un de ces intenses souvenirs d'adolescent qui ne demandent qu'à marquer notre vie.
Dans le même cahier, le croquis d'une autre porte, donnant sur un autre palais moins connu mais construit au bord d'une des plus belles baies du monde, sur les ruines d'une ville encore plus ancienne que la Cité interdite.
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