2008-10-27

La chaîne de trottoir

« Irwin conduit en se tenant le plus près possible de la chaîne de trottoir. » (Marie-Josée L'Hérault, Tokyo express, Éditions Vents d'Ouest, 1998).

L'expression chaîne de trottoir, largement répandue au Québec, paraît suspecte. Cette précision technique est-elle bien utile en français? Pourquoi ne pas se contenter de « Irwin conduit en se tenant le plus près possible du trottoir »? On se doute bien qu'il s'agit de la bordure du trottoir, puisque Irwin roule manifestement sur la chaussée. Y aurait-il quelque anglicisme sous roche?

Chaîne de trottoir pourrait bien être le calque de l'expression anglaise (imaginaire) sidewalk curb. En anglais, curb se suffit généralement à lui-même, mais le mot est suffisamment étrange pour que des non anglophones jugent utile de le surdéterminer. D'autant plus que, si le mot curb évoque immédiatement une bordure de trottoir (pour une oreille anglophone), il en va autrement pour l'équivalent français chaîne. D'où le besoin de préciser chaîne de trottoir.

Ces deux passantes se tiennent loin de la « chaîne » de trottoir.

Malgré ses apparences exotiques, curb (ou kerb) vient du français courber, et signifie également margelle (d'un puits) et gourmette (d'un cheval). Par extension, curb a pris le sens de contraindre, ou brider.

Se pourrait-il que curb (gourmette) ait été traduit dans les campagnes du Bas-Canada par chaîne? Si c'était le cas, et si cette traduction était attestée avant l'apparition de l'expression chaîne de trottoir, nous tiendrions notre anglicisme. Le fait que la variante chaîne de rue, calque évident de street curb, soit également employée au Canada, tend à accréditer cette thèse.

2008-10-20

Chemins forestiers

Parc de la Gatineau
Photos : Renaud Bouret
Octobre 2008

Les chemins forestiers sont toujours remplis d'ombre et de lumière.
On les croit déserts, mais des millions de pas les ont foulés depuis des générations.
Ils forment un dessin sur la terre, invisible aux yeux des hommes.


Parfois, le chemin est le seul vestige marquant les fermes d'un autre siècle.

Souvent, le chemin suit les pistes millénaires tracées par les chevreuils.

Ce chemin fut carrément créé par un ingénieur.

2008-10-15

Au bord de la baie

Rivière des Outaouais - 12 octobre 2008
Photos : Renaud Bouret

2008-10-11

Combien font 6 fois 14?

À deux pas du pont qui enjambe la rivière des Outaouais, et qui sépare Gatineau du Canada anglais, la Société des alcools du Québec a installé un vaste magasin-entrepos.

Vendredi soir. Un Ontarien, dans la trentaine, arrête de pousser son petit chariot et prie sa compagne de lui venir en aide :
— Tu sais combien ça fait, toi, six bouteilles à 14 dollars?
— Non, je n'ai pas apporté ma calculatrice, répond-elle tout en se creusant timidement les méninges.
— C'est parce que si on prend six bouteilles, on a une réduction de 10 %. J'aimerais bien savoir si c'est un bon prix.
Ce mot de pourcentage, tombant juste après l'estoc de la multiplication, c'est le coup de grâce. La jeune femme, déjà déboussolée, capitule. Elle désigne alors le sommelier, au fond de la boutique.
— Pourquoi ne demandes-tu pas à cet employé?

Une Japonaise, témoin de la scène, souligne le contraste entre son pays et le nôtre. Chez elle, il aurait été impoli pour un client de faire une telle demande à un employé. L'employé peut renseigner le client sur un prix, indiquer le chemin de la caisse, voire grimper sur un escabeau pour chercher un article. Cela fait partie de son métier. En revanche, il serait saugrenu de lui faire effectuer une multiplication à notre place. Ce serait le traiter en serviteur et donc le considérer comme inférieur. Or, un employé n'est pas moins égal au client à l'intérieur de son magasin qu'il ne l'est dans la rue.

« Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. »

Puisque nous sommes situés à l'épicentre du choc des cultures, observons à présent le caissier. Le client tend son billet. Le caissier rend la monnaie. Le client remercie le caissier. Ce dernier marmonne « de rien », et passe au prochain client.

Que de choses à voir, dans un verre de vin!
Des lampes, des visages, et même des bouteilles.
On y découvre, superposé, ce qui est devant nous et derrière nous.
On y lit l'avenir et le passé.

Un tel renversement des rôles serait incroyable au Japon. Non pas que les coutumes japonaises soient supérieures à celles de l'Amérique du Nord. Mais pour un Japonais, voir le client remercier le magasin… c'est vraiment le monde à l'envers. Au Japon, le caissier n'est pas un quelconque individu payé pour sourire avant qu'on n'achète et rendre la monnaie après. Il est plutôt le membre à part entière d'un organisme, qu'il sert avec loyauté. C'est le caissier qui remercie le client, au nom du magasin, en lui rendant sa monnaie.

2008-10-10

Après-midi d'automne

Le parc de la Gatineau, vu du Cégep de l'Outaouais
Photos : Renaud Bouret
10 octobre 2008 vers 14h30 (heure du soleil)

Matin d'automne

2008-10-03

Matin d'automne

Le parc de la Gatineau, vu du Cégep de l'Outaouais
Photos : Renaud Bouret
3 octobre 2008 vers 6h30 (heure du soleil)

Après-midi d'automne