2010-04-23

Quatre mots vides

« Les électeurs commencent à espérer que nous pouvons faire quelque chose de différent, ne laissez personne vous dire que rien ne peut changer, cette fois c’est possible. » (Nick Clegg, 22 avril 2010)

(Analyse de la performance de Nick Clegg, candidat libéral aux élections britanniques, lors du débat du 22 avril 2010 : Les matins de France Culture, Revue de presse, 2010-04-23)

Le journaliste de France Culture, citant un confrère de la presse espagnole : « Il y a dans ce troisième homme providentiel, qui fascine une partie de la presse, des airs de changement, d’un changement à l’américaine. Pour preuve, sa phrase de conclusion : “Les électeurs commencent à espérer que nous pouvons faire quelque chose de différent, ne laissez personne vous dire que rien ne peut changer, cette fois c’est possible.” »

La phrase de Clegg résume bien son discours, puisqu’elle comporte pas moins de quatre mots vides de sens, et bien dans l’air du temps : espérer, différent, changer, possible. Comme il se doit, Clegg fait comme si les mots qui sortent de sa propre bouche venaient de celle des électeurs : les électeurs commencent…, ne laissez personne vous dire…. On retrouve les deux principes de base de la manipulation, vieux comme le monde : 1. Faire croire à notre interlocuteur que l’idée que nous défendons vient de lui; 2. Ne rien lui dire tout en l’inondant de vagues mots à consonance positive et consensuelle.

Traduction de la phrase de Clegg :
« Chers électeurs,
La logique voudrait que je vous présente mon programme de gouvernement, et que vous vérifiez si ce programme correspond à ce que vous souhaitez obtenir. Mais que souhaitez-vous exactement? Non seulement, je ne veux pas le savoir, mais vous ne le savez probablement pas vous-mêmes. Le mieux est donc, pour le bénéfice des deux parties, que je vous livre un discours vide de contenu mais riche d'impressions. Vous vous épargnerez ainsi la peine de réfléchir et moi celle de m'engager. »