2022-04-06

La démarche scientifique : Expériences concrètes

Expériences sur le chat de la maison

À l’heure où le bas peuple se méfie de la science, du moins de celle de ses dirigeants (que l’on ne peut pourtant guère accuser d’incompétence ni de partialité), il nous a semblé utile de rappeler quelques principes fondamentaux qui sous-tendent la démarche scientifique.

Comme on le sait, la démarche scientifique est souvent constituée d’observations et d’expériences, qui viennent confirmer, infirmer ou raffiner les conclusions tirées d’observations et d’expériences antérieures. Pour illustrer cette démarche, nous avons fait appel au chat de la maison, qui nous est très attaché (il ronronne dès qu’il nous voit).

• En principe, lorsque sa maîtresse lui tend son bol de nourriture en disant « chōdai » (« donne », en japonais), le chat de la maison pose la patte sur le rebord du bol.
• Par contre, les invités qui tentent de conduire la même opération en français n’obtiennent pas de tel résultat.
• Conclusion : Ce chat ne comprend que le japonais.

Ce soir, la maîtresse du chat nous prie de lui donner nous-mêmes son bol de nourriture. Or, une phrase roumaine (leçon 7) nous trotte dans la tête : « merg la plaţa » (« je vais au marché »). En tendant le bol, nous utilisons donc cette phrase roumaine, au lieu de la formule japonaise habituelle.
• Observation : À notre grande stupéfaction, le chat pose quand même sa patte sur le bol, comme tous les soirs à la même heure!
• Conclusion préliminaire : Ce chat comprend le roumain.
• Remarque : Ce chat n’a jamais entendu cette langue.
• Conclusion définitive : Tous les chats connaissent le roumain, de façon innée.

Nouvelle expérience pour tester cette dernière conclusion. Nous reprenons le bol de nourriture (chose qui aurait été dangereuse pour le chercheur si ledit chat avait été un chien), et nous le tendons à nouveau vers le chat en lui disant : « je suis un chien ». (En réalité, nous voulons dire « vous êtes un chien ».)
• Observation : Le chat pose à nouveau la patte sur le bol.
• Conclusion : Dès qu’un individu ayant une autorité suffisante prononce une quelconque phrase dans n’importe quelle langue en lui tendant son bol de nourriture, ce chat pose la patte sur le rebord du bol.
• Corolaire : Bien qu’il ait tendu la patte, ce chat n’est pas un chien. La preuve : il n’a pas mordu le chercheur au moment où ce dernier, dans l’intérêt de la science, lui confisquait son bol de nourriture.

Déni de responsabilité : Cette expérience, inspirée par une curiosité scientifique bien naturelle chez un être humain, ne peut être considérée comme cruelle envers le chat, pas plus que le fait de l’obliger à tendre la patte ne constitue une pratique discriminatoire envers la race féline. Après tout, ce chat bénéficie de nombreux services gratuits (nourriture, litière, nettoyage des poils dans le tapis, etc.) en échange de ce signe d’amitié peu fatigant pour lui, et qui fait tant plaisir à sa maîtresse.

 

Travaux pratiques : Expérience du serpent

Problème classique :
• Si un serpent se mord la queue, finira-t-il par disparaître?

Nouveau problème :
• Si deux serpents se mordent mutuellement la queue, comment cela se terminera-t-il?
• Peut-on dire que chaque serpent finit par se manger lui-même, puisque sa queue se trouve dans le ventre de l’adversaire?