2009-06-10

Lascaux-en-Outaouais

Sur les trottoirs d'Aylmer, c'est la journée où les élèves de 10 ans tracent leurs dessins à la craie. Les prénoms sont souvent plus originaux que les illustrations, lesquelles sont signées Maeva, Maika, et même Pacifick.

Soudain, je tombe sur un petit chef-d'œuvre, et je ressens une émotion semblable à celle de Léon Laval découvrant les grottes de Lascaux. La jeune artiste, aux yeux pétillants d'intelligence, me précise qu'il s'agit du « cheval de sa tante qui est mort et qu'elle aimait beaucoup ». N'ayant sous la main qu'un stylo vert, je m'efforce de croquer la silhouette du cheval sur la page de garde du livre Tokyo express, de Marie-Josée L'Hérault. Mais rien à faire, mes croquis demeurent de pâles reflets sans vie et sans relief de l'original, et ils ressemblent plus au monstre du Loch Ness ou au centaure Nessos qu'à un cheval (y aurait-il un lien de parenté, insoupçonné jusqu'ici, entre ces deux figures mythologiques?). Je dois bientôt m'éloigner, car l'institutrice, plantée sur le coin du trottoir, me regarde d'un air soupçonneux. D'ailleurs, c'est l'heure de mon rendez-vous chez le dentiste, raison de ma visite à Aylmer.

Lorsque je suis de retour dans la soirée, muni d'un appareil photo, la fresque, déjà usée par le vent, a perdu de son éclat. Mais les variations de l'épaisseur du trait, le choix des surfaces coloriées, l'arcade sourcilière, l'expression de l'œil sont encore perceptibles. C'est bien simple, ce cheval est immortel.

Quelques jours plus tard, j'ose enfin ressortir mes pinceaux, et je finis par pondre ce banal léopard. Rien à voir avec le magnifique cheval Linda, qui doit probablement être une jument.

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