2009-02-16

Malédiction jusqu'à quarantième génération

Les castors auraient-ils du sang européen?
Photo: Renaud Bouret

Conversation entendue sur les ondes de Radio France international, le 9 février 2009, à propos de la déforestation en Amazonie. L'expert décrit l'étendue du désastre. On approche du point de non retour. Les zones boisées seront bientôt trop restreintes pour permettre à la forêt tropicale de survivre.

La journaliste s'empresse de préciser : « Oui, mais il faut avouer qu'en Europe, nous sommes mal placés pour donner des leçons là-dessus. » La journaliste doit faire référence au grand défrichement des débuts du deuxième millénaire. Faut-il en avoir, de la mémoire!

Sur le moindre sujet et à tout bout de champ, il faut qu'un Européen batte sa coulpe et endosse les péchés commis par ses obscurs ancêtres. Mille ans se sont écoulés depuis la faute, mais il n'y a pas de prescription pour les Européens. Ils offriront bientôt de dédommager les barbares victimes de l'empire romain.

Ce qui est le plus étrange, c'est que l'Europe est, depuis plus d'un siècle, la championne du reboisement. La France, a cet égard, possède une politique de gestion des forêts exemplaire.

Faut-il vraiment en vouloir aux Européens du Moyen Âge, eux qui plaçaient le rêve de poule-au-pot au-dessus des croisades écologiques, d'avoir défriché les meilleures terres arables? D'ailleurs, s'ils ne l'avaient pas fait, Radio France international existerait-elle aujourd'hui?

Mais aujourd'hui, la forêt, comme tout objet de nature – la terre, les plantes sauvages, les animaux et les peuples restés dans l'innocence première – est sacrée. L'homme dont le lointain aïeul a osé abattre la cognée sacrilège se doit d'endosser la faute et de faire pénitence, même si quarante générations se sont écoulées depuis. L'absolution est à ce prix. Après quoi, le brave Européen du XXIe siècle sera pardonné, et il pourra rouler, l'âme toute propre, jusqu'au temple de son hypermarché favori.

Aucun commentaire: