2009-05-09

Bix Beiderbecke

[Morceau musical…]
« (…) On entendait Oh! Miss Hannah, de Bix Beiderbecke. C'est du jazz West Coast, qui date des années 50 — le disque est paru en 1956. Oui, c'est un trompettiste blanc, qui est mort très tôt et qui jouait avec une nonchalance remarquable. Et si je l'ai choisi, c'est pour des raisons à la fois anecdotiques et personnelles, le disque est sorti chez Phillips en 1956, c'étaient les premiers 33 tours, et celui-là je l'ai acheté en Haute-Volta, à Bobo Dioulasso, et c'était mon premier 33 tours. »
(Françoise Héritier, anthropologue, Sciences et conscience, Philippe Petit, France Culture, 30 avril 2009, 20:05)

Les premières mesures du solo de Jazz Me Blues, tiré du célèbre livre de John Mehegan, Jazz Rythm and the Improvised Line

En effet, Bix Beiderbecke est mort très jeune, en 1931 (il avait 28 ans). Son grand classique, Jazz Me Blues, dont le solo a été étudié par quantités d'adeptes du jazz, a été créé en 1924, à Chicago. Bix Beiderbecke, né en Iowa n'a probablement jamais connu la côte Ouest et encore moins les années 1950. Son style, dit « cool », s'opposait à celui de Louis Armstrong, lui aussi émigré à Chicago au début des années 1920.

Plusieurs générations de jazzmen se sont ensuite succédées. Il y a eu les grands orchestres de Duke Ellington et Count Basie (fin des années 1930), la révolution du Be-bop avec Charlie Parker et Dizzie Gillepsie (milieu des années 1940), puis le jazz West Coast (années 1950), avec des musiciens blancs tels que Woody Herman et Lee Konitz. Il y avait alors longtemps que Bix était mort et enterré, et que le jazz était passé du moyen-âge aux temps modernes.

La couverture du volume 2 de Jazz Improvisation, de John Mehegan (Watson-Guptill Publications, New York, 1962)
John Mehegan divise l'histoire du jazz en cinq époques :
1. New Orleans
2. Chicago
3. Swing
4. Early Progressive
5. Late Progressive
Bix Beiderbecke appartient à la deuxième époque, et le jazz West Coast à la cinquième.

Confondre la musique de Bix Beiderbecke avec le jazz West Coast est loin d'être un crime ou une marque d'ignorance, mais cela dénote néanmoins un désintérêt plus que total pour la musique de jazz et ses racines sociales, historiques et anthropologiques. Dans ces conditions, pourquoi faire semblant d'aimer le jazz? Parce que ça fait « cool », sur France Culture comme sur la West Coast.

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