2007-05-16

Le soldat Martines en Tunisie (3)

Nous retrouvons Cirino Martines au moment où les Alliés déclenchent la bataille de Tunisie. Les soldats italiens cessent alors de travailler dans les champs de mines et se retranchent dans des souterrains, en attendant les ordres. (Voir aussi le premier et le deuxième épisode de ce témoignage.)

La guerra è finita

Or, le moment arriva où la Tunisie devait tomber aux mains des Alliés. L'offensive commença le 7 mai 1943. Les obus arrivaient en plein sur l'endroit où nous avions installé notre camp. Nous campions dans des trous, sous la terre. Personne n'avait le droit de sortir de là, sans un ordre express de l'état-major. En attendant, le soir du 6 mai, un camion vint nous livrer les rations. Il tombait une telle pluie d'obus, parce que les Américains nous bombardaient, qu'aucun d'entre nous n'osa sortir pour chercher les rations. Nous étions à quinze mètres de la route. Le camion a attendu un petit moment, puis, voyant ce qui se passait, il a fait demi-tour et il est reparti. Et nous sommes restés sans nourriture.

Le matin du 7, à trois heures, l'offensive a repris de plus belle. Et on ne pouvait toujours pas bouger avant d'avoir reçu l'ordre de l'état-major. Une demi-heure avant l'aube, alors que la nuit était encore noire, le général nous fit enfin donner l'ordre de nous replier. Et nous sommes partis. Nous marchions et les obus tombaient tout autour de nous. Je me dis alors que, quand l'artillerie lance des obus, s'ils font du bruit en tombant, il n'y a rien à craindre. Mais si on ne les entend pas, ça veut dire qu'ils nous tombent en plein sur la tête. Pendant que nos troupes se repliaient, j'ai entendu un tout petit sifflement, et un obus a explosé. J'ai été chanceux, même s'il n'a pas explosé très loin. Et, à force de marcher, nous sommes arrivés hors de portée de l'artillerie ennemie.

Un peu plus loin, des camions nous attendaient. On nous a embarqués sur les camions et nous nous sommes éloignés, je ne sais sur quelle distance. Nous sommes arrivés à un endroit ou la bataille continuait. Car il y avait des Allemands, là-bas, près de Zaghouan. À Zaghouan, il y a une grande montagne rocheuse. Et toujours ces obus, qui nous tombaient dessus avec une force extraordinaire. Enfin, le 9, la bataille était terminée. Les tirs s'étaient arrêtés.

Propos recueillis et traduits de l'italien par Renaud Bouret

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