2007-12-09

Les petits empereurs

Les petits empereurs de Lijiang
Photo : Renaud Bouret - 2007

« En Chine, les enfants des villes font l'expérience d'une situation familiale sans précédent. Dans un pays habitué aux familles nombreuses — leurs propres parents ont en moyenne cinq ou six frères et sœurs —, ils sont seuls pour assumer le rôle d'unique descendant. »
Source: Gladys Chicharro-Saito, Les grands dossiers des Sciences humaines, no 8, septembre-octobre-novembre 2007, p. 52.

Plus loin, dans le même article, on indique que l'indice de fécondité était de 5,44 enfants par femme en 1971 (contre 1,8 en 2005, soit 0,8 en ville et 2,3 en zone rurale). À première vue, la moyenne de « cinq ou six frères et sœurs » semble être erronée : dans une famille de 5,44, chaque enfant n'aurait, en dehors de lui-même, que 4,44 frères et sœurs (en moyenne, bien sûr).

Pourtant, ce dernier raisonnement pourrait bien être faux lui aussi, ce qui ferait en sorte que l'erreur initiale deviendrait vraie (principe de Pierre Dac). Il ne faut pas oublier qu'un certain nombre de femmes ne procréent pas. Supposons qu'une femme sur sept n'ait aucun enfant et que les autres femmes en aient en moyenne 6,44. Tous ceux qui ont des frères et sœurs en auraient donc 5,44 comme prévu, et le nombre moyen d'enfant par femme se situerait quand même aux alentours de 5,44.

Il reste à vérifier si un tel taux de fécondité est plausible, et s'il s'est maintenu assez longtemps pour influer sur toute une génération.

Au Québec, l'indice de fécondité tournait autour de 4 enfants par femme entre 1953 et 1959 (source: Institut statistique du Québec). C'était une époque où les familles de douze ou quinze enfants étaient encore fréquentes. Il faut remonter aux années 1920 pour voir des taux aussi élevés, avec un sommet tout à fait exceptionnel de 4,66 en 1927. Il faut croire que la Chine a battu le Québec puisque le Bureau chinois des statistiques confirme le chiffre de 5,44 pour 1971, après un record de 6,45 en 1968, en pleine Révolution culturelle.

Cependant, dès 1977, et avant même que la Chine n'entreprenne ses grandes réformes économiques et sociales, l'indice de fécondité était redescendu à 2,84. La fécondité record n'a pas duré assez longtemps pour que chaque famille ait le temps de produire une ribambelle d'enfants.

Notons qu'au Canada, l'indice synthétique de fécondité n'est plus que de 1,51 au recensement de 2001. Chez les résidentes d'origine chinoise, le taux descend même à 1,23 enfants par femme. Les taux les plus élevés se retrouvent chez les autochtones (2,6) et les femmes d'origine arabe et ouest-asiatique (2,2). (Source : Statistique Canada)

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