2008-02-15

Faut-il se marier?

Vive la mariée!

Faut-il se marier, ou vaut-il mieux vivre une succession d'aventures, plus ou moins durables? À quoi bon abdiquer sa liberté si le divorce nous attend au bout de la route? Avant de se lancer dans l'entreprise, faut-il peser le pour et le contre, faut-il faire un choix utilitariste? Bref, est-il raisonnable, aujourd'hui, de se mettre la corde au cou, me demande un jeune collègue, ami de la sagesse.

Nul doute que si la grand-mère ou la tante étaient encore là pour filtrer habilement les prétendants indésirables, pour calculer les chances de réussite d'un couple à la place des amoureux aveugles, bien des mésalliances seraient évitées.

Mais est-ce vraiment un bon calcul que de faire le calcul? Si on avait à choisir entre 4 chances sur 5 de former un couple acceptable et 1 chance sur 5 de former un couple exceptionnel, quelle option faudrait-il préférer? Si le piéton avait à choisir entre 4 chances sur 5 de gagner un vélomoteur et 1 chance sur 5 de gagner une automobile, quel serait le choix le plus raisonnable?

L'analyse utilitariste néglige de tenir compte de l'attrait du risque. Ainsi, beaucoup de gens aimeront mieux jouer à la roulette (où l'espérance de gain est négative) qu'à la bourse (où la probabilité de bénéfices dépasse la probabilité de pertes). Les adeptes du casino préfèrent le maigre espoir de gagner le septième ciel à la certitude de chausser des pantoufles confortables. Ne devrait-il pas en être de même pour le mariage, du moins pour ceux qui privilégient le risque?

Trop bien choisir sa partenaire limite les chances d'échec, mais réduit également la probabilité de rencontrer le grand amour. Christophe Colomb aurait-il découvert son Amérique s'il avait bien pesé le pour et le contre avant de grimper sur la passerelle de la Santa Maria? La jeunesse n'a donc pas tort d'être un peu aveugle, pendant que ses aînés, plein d'expérience, se résignent souvent à vivre seuls, de peur d'être mal accompagnés.

J'en conclus, cher collègue, que vous n'êtes pas mûr pour le mariage. Car votre aversion pour l'ennui conjugal est très supérieure à votre soif de découvrir les joies inconnues de la vie de famille. Et si vous n'avez pas grand goût pour le risque, c'est peut-être parce que vous avez su vous faire gâter par la vie jusqu'ici.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Précision pour les lecteurs réguliers: Ce n'est pas moi qui ai posé la question, mais la réponse est tout aussi valide.