Hymne à la Mère patrie
« Allez les Jeux! Allez la Chine! »
Affiche en faveur des Jeux olympiques de Pékin - Guilin, juillet 2008
Photo: Renaud Bouret
Le chant présenté lors de l'arrivée du drapeau chinois, pendant spectacle d'inauguration des Jeux olympiques de Pékin, est l'adaptation d'une œuvre de Wáng Xīn (王莘) datant de 1950. L'année précédente, Wáng Xīn, ému, assistait à la cérémonie de la proclamation de la République populaire de Chine sur la place Tian'anmen. Douze mois plus tard, de retour dans la capitale et replongé en pensée dans l'atmosphère de la libération, il composa et écrivit cet hymne à la mère patrie.
« Le drapeau aux cinq étoiles flotte dans le vent
Des chants de victoire retentissent de tous côtés
Chantons notre chère Mère patrie
Une ère de prospérité et de puissance s'ouvre à nous.
Traversant les montagnes, traversant les plaines
Enjambant le fleuve Jaune et le Yangze impétueux
Cet immense et beau territoire
C'est notre cher pays natal.
Peuple héroïque debout!
Unis fraternellement nous sommes durs comme l'acier.
Nous sommes courageux et âpres au travail
L'indépendance et la liberté sont notre idéal.
Nous avons surmonté de nombreuses souffrances
Avant d'arriver à ce jour de libération.
Nous aimons la paix, nous chérissons le pays natal
Quiconque oserait nous porter atteinte serait un homme mort.
Le soleil se lève sur l'Orient
La république populaire grandit
Notre chef Mao Zedong
Nous guide dans notre marche en avant
Notre vie s'améliore de jour en jour
Notre avenir s'annonce radieux. »
(Texte de Wáng Xīn. Traduction de Renaud Bouret)
(Voir la version originale chinoise, avec annotation du vocabulaire, sur Ramou.net.)
Ironiquement, cet hymne très « grand-père Mao » a été chaudement applaudi par les spectateurs étrangers qui n'y comprenaient goutte. François Hauter, grand reporter au Figaro, a même pu titrer : Cérémonie des JO : Marx et Mao aux oubliettes.
C'est une petite fille du nom de Yáng Pèiyí (杨沛宜), sélectionnée parmi plusieurs centaines de candidates, qui a chanté la nouvelle version de l'hymne, le 8 août 2008, dans le stade du Nid d'oiseau de Pékin. Cependant, comme il ne trouvait pas la fillette assez jolie, un membre du Bureau politique l'aurait fait remplacer, sur le devant de la scène, par une certaine Lín Miàokě (林妙可), qui avait déjà tourné dans des publicités télévisées.
Évidemment, ce subterfuge avait un noble but, celui de « défendre l'intérêt national ». C'est ce qu'a finalement avoué le responsable musical de la cérémonie d'ouverture Chén Qígāng (陈其钢), compositeur de nationalité française, dans une entrevue sur les ondes de la Radio populaire de Pékin. La petite Lín Miàokě, nouvelle coqueluche des médias, qui n'ont pas manqué de l'inviter afin de la féliciter pour sa voix d'or, ignorait qu'elle chantait à micro fermé et que sa voix était couverte par l'enregistrement original de Yáng Pèiyí. La situation commençait à devenir embarrassante.
On a appris du même coup que les faisceaux de lumières qui avançaient, tel un dragon, depuis la Cité interdite jusqu'au stade olympique, au moment du compte à rebours, avaient été préenregistrées et transformés à l'aide de logiciels. L'ensemble des prises de vue et du montage de la scène s'étaient étalés sur un an.
Cela s'ajoute aux faux spectateurs, payés et entraînés pour remplir les rangées de bancs vides et pour créer de l'ambiance. Ces troupes de joyeux supporters avaient pour instruction de s'enthousiasmer à tour de rôle pour chacune des parties en lice, d'où une atmosphère un peu surréaliste qui n'a pas échappé aux habitués des stades. Contrairement aux fans payés, les fans payants ont en effet pour principe d'exprimer résolument leur parti pris.
Il ne s'agit après tout que de bons vieux trucages du monde du spectacle. Et les Jeux olympiques ne sont-ils pas, avant tout, un immense spectacle.
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