2008-11-22

Les hommes travaillent-ils plus que les femmes?

Les vingt-quatre heures d'une journée peuvent être découpées en quatre grandes activités bien délimitées: le temps personnel, le temps professionnel, le temps domestique et le temps libre. Le temps personnel correspond aux activités qui ne pourraient être effectuées par autrui: dormir, manger, se laver, etc. Le temps professionnel correspond au travail rémunéré et aux activités connexes, en incluant les études et les déplacements nécessaires à l'accomplissement de toutes ces tâches. Le temps domestique correspond aux activités non rémunérées telles que l'entretien intérieur et extérieur de la maison, les soins apportés aux enfants, les courses et la gestion du budget familial. Ce qui reste est... le temps libre. Grâce à un découpage précis, et à un questionnaire qui donne peu de latitude aux personnes sondées enclines à tricher, l'enquête de Statistique Canada permet de dresser un portrait fidèle de la répartition du temps quotidien des individus.

De prime abord, on pourrait penser que les femmes d'aujourd'hui ont le privilège de cumuler un double emploi, puisqu'elles doivent à la fois gagner leur pain et rentrer s'occuper des soins du ménage, à l'heure où leur conjoint lit le journal en fumant sa pipe. Est-ce bien conforme à la réalité québécoise? L'Institut statistique du Québec vient de traiter les données brutes de l'enquête citée plus haut. Il ne nous reste plus qu'à examiner les résultats.

Temps quotidien moyen consacré à certains activités au Québec en 2005 (heures/jour)

Hommes (15 ans et plus) Femmes (15 ans et plus)
Temps professionnel 5,0 3,1
Temps domestique 3,0 4,7
Total du temps productif 8,0 7,8

Source: Données sociodémographiques, Octobre 2008, Institut de la statistique du Québec.

L'enquête nous apprend aussi que le fardeau du temps productif était déjà réparti de façon égalitaire en 1986, bien que la distribution entre temps professionnel et temps domestique se soit un peu modifiée depuis. En même temps, on constate que les hommes et les femmes actifs consacrent de plus en plus de temps aux activités professionnelles: l'Amérique du Nord est encore loin de la société des loisirs.

Cinq heures de temps professionnel par jour pour un homme, ça peut paraître bien peu. C'est que près de la moitié (46,9%) des hommes de 15 ans et plus ne travaillaient ni n'étudiaient. Les hommes actifs, par contre, consacraient 9,5 heures par jour au travail ou aux études (déplacements inclus). Cette fois, et compte tenu que les «vieux» (65 ans et plus) représentent à peine un tiers de ces «inactifs», on peut dire que la répartition de la charge n'est pas très égalitaire. En fin de compte, la société des loisirs existe réellement, mais pas pour tout le monde.

La revue Données socioéconomiques en bref, publiée trois fois par an, nous livre des informations qui vont souvent à l'encontre des idées reçues. On y apprend notamment que les dix premiers noms de famille utilisés au Québec ne rassemblent que 6,2% de la population, à peine plus qu'aux États-Unis (5,6%), et beaucoup moins qu'en Espagne (18,5%), mais beaucoup plus qu'en France (moins de 2%) (voir le numéro de juin 2006).

Image tirée de: La santé s'affiche au Québec, Lise Renaud, PUQ, 2005, page 171.

Le tableau ci-après est extrait d'un article sur la violence conjugale au Québec. Une des grandes surprises de l'enquête de 1999 fut l'importance de la violence conjugale envers les hommes. Jusque-là, la chose était considérée comme impossible, à tel point qu'elle ne figurait même pas à l'ordre du jour des enquêtes.

Taux de prévalence de la violence conjugale grave sur cinq ans au Canada

(Victimes) 1999 2004
Hommes 3,6% 2,9%
Femmes 3,8% 3,0%

Source: Données sociodémographiques, Février 2007, Institut de la statistique du Québec.

Ici encore, quelques précautions méthodologiques sont nécessaires pour éviter de tirer des conclusions trop hâtives. Tout d'abord, puisqu'environ 3% des personnes ont battu leur conjoint dans les cinq années précédant l'enquête, il faut en conclure que 97% des personnes ne l'ont pas fait. Par ailleurs, les violences graves subies par les femmes et les hommes sont souvent de nature différente. Pour plus de détails, nous vous renvoyons au numéro de février 2007 de Données sociodémographiques.

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