Le féminin existe-t-il?
Un petit chat est venu habiter chez nous. En réalité, il s'agit d'une petite chatte, mais comme le mot « chat » est masculin, nous disons, sans réfléchir : « le chat est monté sur le divan, il m'a griffé, il prend mon doigt pour une souris ». Bref, nous employons instinctivement ce que les grammairiens appellent « le masculin ». Et si ces appellations de masculin et de féminin n'étaient que de simples sobriquets, pratiques et facétieux, de la même façon qu'on parle d'une prise mâle ou femelle? Peut-être sommes-nous en présence de deux classes de mots qui n'ont, a-priori, rien à voir avec le sexe.
Beaucoup de langues possèdent des classes de mots. Le swahili en a huit. Le chinois possède quelques dizaines de classificateurs. Le latin, ancêtre du français possède cinq déclinaisons. Toutes ces soi-disant complications, dont se plaignent les locuteurs étrangers, se révèlent bien commodes pour les locuteurs indigènes. Elles parsèment le discours de balises et de signaux qui permettent de comprendre les phrases avec plus de certitude et à moindre frais : « La brosse et le peigne font peine à voir : elle a perdu son manche, il a perdu ses dents. » Aucun rapport avec le sexe, c'est sûr.
Il se trouve que la première déclinaison latine, celle qui a donné les noms qui se terminent en français par un « e », abritait, entre autres, les mots reliés à la femme, la fille, la maîtresse, la servante, etc. Quoi de plus naturel que de qualifier tous les noms et adjectifs bâtis sur son modèle de « féminin ».
Quand on dit aujourd'hui que « le chat regrette d'avoir tué la souris, car ils s'aimaient bien », il n'est peut-être pas exact d'affirmer que le masculin l'emporte sur le féminin. D'ailleurs, qui se soucie du sexe de ces deux animaux? Nous sommes en face d'un choix entre classes grammaticales qui n'a rien à voir avec une prétendue supériorité des hommes sur les femmes.
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