L’exposition Trésors de la Chine
Le Musée des Civilisations du Canada organise des expositions temporaires, qui vont du sublime (l'émouvant quotidien des habitants de la Nouvelle-France, comme si on y était) au médiocre (Pompéi en contreplaqué et carton-pâte). Cet été, les trésors de la Chine sont à l’honneur, de la préhistoire à la République. Si les objets exposés ne manquent pas d’intérêt, les panneaux explicatifs traduits et produits sur place laissent parfois perplexe. Il est question d’un « char de mesure de li à tambour », qui fait tinter sa sonnette tous les 500 mètres exactement, deux millénaires avant l’invention du système métrique. On retrouve également une carte de la Mésopotamie de l’époque hellénistique, qui épouse, avec 2000 ans d’avance, les contours du golfe Persique actuel. Nous y reviendrons, car aujourd’hui nous examinerons un curieux panneau qui place la destruction de Pompéi en 79 avant Jésus Christ.
(Cliquez sur l'image pour l'agrandir.)Les dynasties chinoises, c’est bien compliqué pour les Occidentaux. Aussi les responsables de l’exposition Trésors de la Chine nous proposent-ils des panneaux explicatifs afin de situer ces dynasties par rapport à certains faits historiques connus de la plupart des gens cultivés. Ainsi, pour nous montrer que la dynastie des Han (-206 à -9) correspond aux derniers siècles de la république romaine, on nous propose trois événements historiques majeurs : la traversée des Alpes par notre compatriote Hannibal (-218), la destruction de Pompéi (-79), et le « règne » de César (-45).
Il y a une génération à peine, il n’était pas nécessaire d’être muséologue pour savoir que Pompéi avait été détruite sous l’empire et que Jules César avait, en pratique, fondé cet empire un bon siècle auparavant. D’ailleurs, Pompéi n’évoque-t-elle pas la vie du haut-empire romain, telle que décrite par Pétrone dans le Satiricon? Bulwer-Lytton, dans son fameux roman Les derniers jours de Pompéi (1834), ne met-il pas en scène des chrétiens qui échappent à la catastrophe? Or, des chrétiens vivant 79 ans avant Jésus-Christ, est-ce vraiment plausible?
Avant que ce panneau de carton n'aboutisse sur les murs du Musée, son contenu a dû passer entre de nombreuses mains : rédacteur, réviseur, traducteur, graphiste, imprimeur, etc. Personne n’a rien remarqué. Bien sûr, de nombreux visiteurs du Musée n’ont pas manqué de signaler l’erreur, mais, plus de trois mois après l’ouverture de l’exposition, les autorités n’ont pas daigné corriger ce léger anachronisme.
« Ne me parlez plus de Rome », dit-il à Claudius, « le plaisir est imposant et pesant dans ses sublimes murailles; même dans l’enceinte de la cour, même dans la maison dorée de Néron, même au milieu des splendeurs nouvelles du palais de notre Titus (…) »
(p. 14)
Olynthus dominait cette foule, les bras étendus et le front ceint de flammes, semblable à celui d’un prophète. La foule reconnaissait celui qu’elle avait condamné à être dévoré par les bêtes, alors sa victime, maintenant son prophète. Sa voix fatale répéta à travers le silence :
« L’heure est arrivée. »
Les chrétiens répétèrent ce cri.
(p. 431)
(Les derniers jours de Pompéi, Bulwer-Lytton, traduction de Hippolyte Lucas, Presses Pocket, 1984)
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