2007-03-24

52 % de femmes

Il va de soi qu'au Québec, et probablement dans la plupart des pays normaux, les femmes constituent la majorité de la population. Il existe même un chiffre quasi-officiel, que la presque totalité des gens éclairés sur la question vous confirmeront d'emblée : le Québec compte 52 % de femmes. Cette donnée a encore été avancée lors d'une émission à Radio-Canada (23 mars 2007) par Gabriel Chèvrefils, représentant de Québec solidaire, « le seul parti à présenter 52 % de candidates aux élections ». C'est déjà plus qu'une statistique, c'est un véritable programme politique. Or, il se trouve que cette proportion est actuellement (2005) de 50,6 % et qu'elle n'a jamais dépassé 50,8 % depuis un siècle.

Notre propos n'est pas ici de minimiser l'importance des femmes dans la population. De toute façon, les différences sont si minces que l'on peut considérer à toutes fins pratiques que les deux sexes sont à égalité. C'est plutôt le chiffre magique de 52 % qui nous intéresse. D'où vient-il? Quel rôle joue-t-il? Comment se fait-il qu'il fasse l'objet d'une telle unanimité tout en ne reposant sur aucune réalité?

Comme le montre la figure ci-dessus, les femmes ont déjà été « minoritaires » au Québec, du moins jusqu'en 1963. Tout le monde sait qu'il naît plus d'hommes que de femmes (environ 105 contre 100), et que ces dernières vivent plus longtemps. La proportion de femmes s'est accrue jusqu'en 1997, où elle a atteint 50,76 %. Par la suite, la réduction de l'écart entre l'espérance de vie des hommes et des femmes a entraîné un retournement de tendance.

La seconde figure indique que les femmes sont légèrement minoritaires dans le groupe d'âge des 0 à 64 ans, et nettement majoritaires au-delà de 65 ans. À la lecture des données présentées, on ne s'étonnera pas de retrouver plus de garçons que de filles dans les écoles primaires et plus de femmes que d'hommes dans les foyers de personnes âgées.

Nous disions plus haut que la différence entre la réalité et le mythe est faible. Mais ce n'est pas la proportion absolue qui est en jeu, c'est plutôt l'ampleur de la majorité. Ainsi, dans le chiffre de 52 %, ce sont les 2 % qui comptent. La marge est nettement plus tranchée que dans la réalité (0,6 %). Cette exagération permet d'affirmer que les femmes, comme le tiers-État, constituent une majorité, mettant ainsi mieux en relief les inégalités entre les sexes (qui sont, évidemment, réelles). Il demeure pourtant étonnant qu'un parti digne de ce nom ait bâti toute une politique sur une donnée erronée, et qu'aucun de ses membres n'ait eu l'idée de procéder à une vérification. Un tel manque de rigueur de la part d'une formation qui à l'ambition de mieux gérer les deniers de l'État est surprenante. Pour mieux défendre la cause progressiste, il serait peut-être préférable de se tourner vers un parti plus « sérieux ».

1 commentaire:

Anonyme a dit...

C'est un constat assez juste de ce monde qui se dit féministe au point de ne plus vouloir l'égalité mais la dominance qu'elles ont tant "dénoncé".

C'est pour cela que la discrimination positive ne peut fonctionner dans un pays libre. Comme hommes et femmes libres de ce monde, imposer un quota couleur ou un quota sexe à nos idées ne marchera pas.