2007-03-18

Le soldat Martines en Tunisie (1)

Monsieur Cirino Martines, originaire d'un petit village de Sicile, a été enrôlé dans l'armée italienne à l'âge de 19 ans et demi. Tandis qu'un de ses frères embarquait pour la Grèce et que l'autre restait en Italie, le soldat Cirino se retrouva en Tunisie, peu avant l'offensive des alliés. De retour sur la ferme familiale, après quatre ans d'absence, il finit par se marier avec une jeune fille du pays. Comme la vie était difficile, en ces temps de pénurie, il décida bientôt de rejoindre un beau-frère installé au Canada. Comme de nombreux Italiens, le jeune Cirino travailla dans la construction. Ah, l'Amérique, elle n'était pas aussi rose qu'on se l'imaginait. La tâche était pénible et les horaires instables du maçon Cirino l'obligèrent vite à abandonner ses cours d'anglais. C'est pourquoi il ne parle toujours que l'italien... et quelques mots d'anglais et de français.

Aujourd'hui, c'est à dire 65 ans après sa mobilisation dans l'armée italienne, Monsieur Cirino, et sa femme, habitent une belle maison du sud d'Ottawa. Un couple d'octagénaires plein d'énergie, avec un sens de l'hospitalité si caractéristique des Méditerranéens. C'est là que j'ai rencontré cet homme, né en 1922, comme ma mère, et protagoniste des mêmes événements que vécut mon père. Monsieur Cirino évoque des lieux qui évoquent à présent la sérénité et la douceur de vivre : montagnes luxuriantes et odorantes de Zaghouan, champs dorés de Pont-du-Fas, ruines romaines dans la lumière éclatante de Pâques.

 

1. L'arrivée en Tunisie

Le 9 janvier 1942, j'arrivai à Udine, au Onzième régiment du génie. C'est là que je commençai ma vie militaire, en tant que conscrit. En août, on nous transporta en Sicile, dans un petit village nommé Novara di Sicilia. Tout le bataillon était occupé à tracer un réseau de routes, en vue de la défense de Messine. On y travaillait au pic et à la pelle, et à coup de mines là où il y avait des rochers. Nous y sommes restés d'août à novembre.

Je me souviens d'un jour, à la fin novembre, quand arriva l'ordre de ramener notre bataillon à Palerme. Nous étions le vingt-neuvième bataillon du génie artilleur, et le génie transportait toujours une grande quantité de matériel. Nous étions campés quelque part dans la colline, à bonne distance de la route carrossable. Et le mauvais temps s'est mis de la partie. Il nous fut très difficile de nous hâter, à cause des fortes pluies. Avec tout ce matériel du génie, il nous a fallu deux jours pour rentrer. De sorte que nous avons raté notre départ pour la Tunisie, où nous avions été affectés. L'état major nous a remplacé par d'autres soldats, et lorsque nous sommes arrivés, en retard, ceux-ci étaient déjà partis à notre place. Nous sommes donc restés à Palerme, et ce ne fut qu'au début janvier que nous nous sommes envolés pour la Tunisie.

À notre arrivée en Tunisie, à peine descendus de l'avion, les officiers nous ont dit : « Les camions sont déjà prêts. Montez sur les camions, on part tout de suite, et n'emportez rien avec vous. Valises, sacs à dos, n'emportez rien, absolument rien. Seulement le fusil et basta! » Et c'est ce que nous avons fait. On est monté sur les camions et ils nous ont transportés à Tunis, dans une caserne. On y a passé la nuit, et le matin suivant, avant même qu'il fasse clair, on nous a remis sur des camions et on nous a expédiés directement sur le front.

Arrivés sur le front, on nous a fait descendre des camions et nous sommes restés immobilisés toute la journée. Nous avons passé la nuit par terre, couchés dans les champs. Le lendemain matin, alors qu'il faisait encore noir, nous nous sommes levés et le premier ordre qui nous vint d'un officier fut de prendre six projectiles de mortier et de les apporter sur les lignes, où étaient disposés les canons de mortier. Car c'était un pays de montagne et les véhicules motorisés ne pouvaient y circuler. Nous devions porter les projectiles sur le dos. Nous avons donc déchargé les projectiles, et on nous a alors envoyés, nous du troisième peloton, on nous a envoyés poser des mines. Il y a quatre pelotons par compagnie et nous étions le peloton mineur. Donc, mon travail consistait à poser des mines, mais pas le jour, la nuit, dès qu'il commençait à faire noir. On partait le soir et on rentrait au matin. Et le travail s'est poursuivi jusqu'au jour de Pâques 1943, quand l'ordre est arrivé d'aller ôter les mines d'un endroit où nous les avions posées. (À suivre...)

Il giorno 9 gennaio del 1942, arrivai a Udine, all'Undicesimo regimento genio Udine. Là è cominciata la vita militare, per recluta. In agosto, fummo trasportati un Sicilia, a un paesetto chiamato Novara di Sicilia. E lì, tutto il bataglione era impiegato a tracciare uno stradale, per la difesa di Messine. E lì si lavorava con pico, palla, e fare meschi per fare le mine dove c'era pietra. Lì siamo stato da agosto a novembre.

Rammento un giorno nelle ultime di novembre, che venne un ordine che il bataglione doveva rientrare a Palermo. Il bataglione veniva chiamato ventinovesimo battaglione genio artigliere. Allora, il genio portava molto materiale. Dove eravamo campati era un posto molto in collina e un poco lontano dalla strada carrozzabile. Allora è capitato forte mal tempo. È stato molto difficile potere abbrevviare il tempo per farla più presto, perchè pioveva forte. E per uscire tutto quello materiale che in genio avevamo, è passato due giorni. Non siamo arrivati in tempo, che noi dovevamo partire per la Tunisia. Allora, il commando a rimpiazzato altri militari, e son' partiti loro. Arrivando in ritardo, gli altri militari avevan' partiti già, e noi siamo rimasti a Palermo. Nelle prime di Gennaio, siamo finalmente partiti per la Tunisia.

Arrivando in Tunisia, per via aerea, gli ufficiali ci hanno detto, appena usciti dell'aero : « Ci sono i camio pronti, mettetevi sui camii che già si parte subito, senza prender' niente. Se avete valigie, zaine, niente, assolutamente. Solamente il moschetto e basta! » Ed infatti, abbiamo fatto così. Salendo sui camii, ci hanno portati direttamente nella città di Tunis, in un posto militare. Lì, si è dormito la notte, e poi, alla mattina, presto che ancora era buio, ci hanno messo sui camii e siamo partiti direttamente per il fronte.

Arrivando lì, al fronte, siamo scesi dei camii e siamo stati fermi tutta la giornata. Alla sera si e dormito per terra, nei campi. La mattina dopo, ancora stava buio, ci siamo alzati, e il primo ordine che un ufficiale ha detto, è che ognuno di noi deve portare sei proiettoli di mortaii, che ci hanno l'elica et pesano un pochetto. Ognuno di noi, i sei proiettoli di mortaii li dovevamo portare direttamente in linea, dove c'erano i mortaii appiazzati. Perchè lì, era tutto montagne, e non potevano arrivare gli automezzi. Gli dovevamo portare a spalla. Abbiamo consegnati quei proiettoli, e dopo, ognuno di noi terzo plotone, in ogni compagnia ci sono quattro plotoni, ci hanno messi a metter' le mine. Il plotone minatore. Sia mine per la truppa, sia mine per gli automezzi. Dunque, il mio lavoro era di metter' le mine, però non di giorno. Di notte, quando cominciava a far' buio la notte. Uno partiva alla notte e si ritirava alla mattina. Dopo, continuando quel lavoro, il giorno di Pasqua, del 1943, è venuto un ordine che dovevamo andare a togliere le mine a un posto dove le avevamo messe.

Propos recueillis et traduits de l'italien par Renaud Bouret

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1 commentaire:

Anonyme a dit...

Je vous remercie de bien vouloir nous faire partager ce précieux témoignage.
Je co-dirige le Club Histoire du lycée PMF de Tunis et nous faisons des recherches sur les "Regards de la 2ème guerre mondiale en Tunisie".
Grâce à mon ami Bertrand, ont été publiés sur internet des travaux du Club, ainsi que les Causeries:
http://profburp.info/tunisie/danielle/camps.pdf

http://profburp.info/tunisie/danielle/carnot.pdf

http://profburp.info/tunisie/danielle/causerie.pdf

Bonne continuation dans cette recherche des mémoires !

Danielle, de Tunis