2006-12-15

Cap-Chat

Le chat de pierre du capitaine Shaw Le chat de pierre du capitaine Shaw par Renaud Bouret - 2005

Ce midi, les experts en étymologie attablés dans la cafétéria discutent de l'origine de certains lieux-dits nationaux. Le village qui retient l'attention est aujourd'hui celui de Cap-Chat, en Gaspésie. Encore une fois, la piste de l'anglais est privilégiée, et les lois de l'évolution phonétique sont revisitées. Jadis, paraît-il, un certain capitaine Shaw croisait dans les parages (il serait même contrebandier, comme les enfirouapeurs, que ça ne m'étonnerait pas). On avait pris l'habitude de l'appeler familièrement Cap' Shaw (tout le monde sait que les capitaines ne détestent pas la familiarité). Or les mots Shaw et chat se prononcent de la même façon en québécois (le problème, c'est que les habitants du coin disent tout naturellement « Cap-Chatte »).

Il existe une autre fausse explication, qui a toutefois le mérite de passer pour ce qu'elle est, c'est-à-dire une légende. Sur le promontoire du Cap-Chat se dresse un rocher à l'étrange silhouette féline. Autrefois, un chat rôdant sur la grève aurait été puni de sa gloutonnerie (ou de tout autre péché capital) par un Saint quelconque qui le transforma en pierre.

Reste la bonne interprétation ou, du moins, la seule qui soit plausible. Il est clair que le nom de Cap-Chat ou Cap-Chatte figure sur les cartes dès le XVIe siècle, bien avant l'arrivée des Anglais. Le nom du village ferait référence à Aymar de Chaste, troisième lieutenant de la Nouvelle France en 1603, selon l'admirable dictionnaire de toponymie du Québec.

Mes interlocuteurs sont formels : à leur connaissance, cet individu n'a jamais existé. D'ailleurs, Québec n'a été fondé qu'en 1608. Ils retiennent donc l'explication du Cap' Shaw.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Patience Bàï Lide
Tu ne pourras jamais les convaincre
Après tout, "quand le Shaw n'est pas là, les souris dansent"
Antoine